Université de Liège FPLSE

Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l'Éducation

Département de Psychologie

Unité de Neuropsychologie

Qu'est-ce que la neuropsychologie ?

La neuropsychologie est une branche scientifique de la psychologie qui étudie les relations entre le cerveau et le fonctionnement psychologique (fonctions cognitives, émotions, comportements).

La pratique de la neuropsychologie se décline en deux champs d'activité principaux : la neuropsychologie clinique et la neuropsychologie expérimentale.

Neuropsychologie clinique

La neuropsychologie clinique s'intéresse aux conséquences sur la sphère cognitive et comportementale de dysfonctionnements d'origine neurologique ou développementale, ainsi qu'à la prise en charge des personnes présentant ces difficultés.

La neuropsychologie clinique est un domaine d'activité spécifique au sein de la psychologie clinique. Le neuropsychologue clinicien est donc avant tout un psychologue clinicien, dont le travail consiste à évaluer et à prendre en charge des patients cérébro-lésés : il s'agit d'une part de chercher à comprendre la nature exacte des difficultés que rencontre le patient, pour ensuite proposer une prise en charge visant à permettre au patient de retrouver une qualité de vie optimale. 

Neuropsychologie expérimentale

L'objectif de la neuropsychologie expérimentale est double : d'une part, il s'agit de comprendre, via l'étude des altérations spécifiques du fonctionnement mental qui peuvent survenir suite à une lésion cérébrale, l'organisation et le fonctionnement des processus mentaux normaux (c'est l'objectif poursuivi par la neuropsychologie cognitive) ; d'autre part, la recherche en neuropsychologie peut avoir pour but d'identifier les substrats cérébraux du comportement et de la cognition (avec, dans cette perspective, le rôle de plus en plus grand joué par les techniques d'imagerie cérébrale – Pet-Scan, RMN, etc.). Cette dernière perspective s'inscrit aujourd'hui dans le champ plus général des neurosciences cognitives.

 

Le lien entre neuropsychologie expérimentale et neuropsychologie clinique est en réalité très étroit. En effet, la pratique clinique en neuropsychologie s'articule sur les conceptions du fonctionnement mental issues de la recherche ; par ailleurs, la confrontation des prédictions théoriques à la pratique clinique constitue un des moyens de validation de ces modèles théoriques, pouvant parfois conduire à une remise en question de ceux-ci !

Pour quels types de difficultés fait-on appel au neuropsychologue ?

Toute pathologie ou lésion touchant le système nerveux central (SNC) est susceptible d'entraîner des altérations du fonctionnement mental. Parmi les affections les plus courantes, on trouve les accidents vasculaires cérébraux (AVC), les traumatismes crâniens, les pathologies neurodégénératives (la maladie d'Alzheimer, notamment), l'épilepsie, la sclérose en plaques, les tumeurs cérébrales, les infections du SNC (encéphalite, méningite...), certaines intoxications, etc.

Mais le neuropsychologue, formé à des méthodes d'évaluation rigoureuses et scientifiques du fonctionnement mental, peut également intervenir pour mieux comprendre les difficultés (cognitives, principalement) dont l'origine peut ne pas être liée directement à une affection acquise du système nerveux central : patients souffrant de troubles psychopathologiques (schizophrénie notamment), troubles d'apprentissage et troubles développementaux, trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH), difficultés scolaires (évaluation des capacités de mémoire et d'attention), etc.

Activités du neuropsychologue clinicien

Rappelons que le neuropsychologue clinicien est avant tout un psychologue clinicien ! Dans son activité clinique, ce n'est pas à une "lésion cérébrale" ou à un "problème de mémoire" que le neuropsychologue est confronté ; c'est à une personne humaine dans toute sa globalité et sa complexité. La spécificité du neuropsychologue est que, en plus d'être formé à la pratique de la psychologie clinique (notamment dans ses aspects psychopathologiques), il a bénéficié d'une formation spécialisée qui lui permet d'appréhender les difficultés particulières que rencontrent les patients qui ont été victimes d'une atteinte neurologique. Mais c'est bien en tant que psychologue clinicien qu'il doit aborder le patient : les problèmes que présente celui-ci s'inscrivent dans un contexte (psycho-affectif, socio-familial, scolaire, professionnel...) particulier. Comprendre les conséquences que l'accident neurologique initial a pu avoir sur le fonctionnement global du patient – et envisager des perspectives adéquates de prise en charge – ne peut se faire sans une analyse approfondie du contexte global dans lequel ces difficultés sont apparues (et persistent).

Ainsi, pour son travail d'évaluation, le neuropsychologie clinicien utilise tous les dispositifs à sa disposition (tests cognitifs validés, entretien clinique, hétéro-anamnèse, examen du dossier médical, observation...) en vue de comprendre, de manière aussi complète que possible, les difficultés du patient et le contexte dans lequel elles s'inscrivent.

Concernant l'évaluation cognitive, soulignons qu'un des objectifs importants du bilan neuropsychologique consiste non seulement à déterminer les aspects du fonctionnement mental et du comportement qui sont altérés suite à la lésion cérébrale, mais aussi à identifier ceux qui sont préservés. Car le travail de rééducation que proposera ensuite le neuropsychologue s'appuiera sur ces capacités préservées, visant à permettre au patient de retrouver un maximum d'autonomie dans sa vie quotidienne. Ajoutons que la prise en charge du patient se doit d'être une prise en charge globale, prenant en compte l'ensemble de la réalité de vie du patient (familiale, conjugale, professionnelle, de loisirs, etc.), et intégrant dans la rééducation la participation directe des proches de celui-ci. Le but final est l'autonomie du patient ainsi que sa réintégration dans son milieu de vie socio-professionnel ; le suivi du patient ne peut dès lors se limiter à un travail au cabinet de consultation, et nécessite parfois un accompagnement du patient (et de ses proches) dans leur milieu de vie.

À la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Éducation de l'Université de Liège, la spécialisation en neuropsychologie clinique s'inscrit résolument dans la formation en psychologie clinique : elle constitue une des orientations proposées aux étudiants inscrits dans la « Finalité spécialisée en psychologie clinique ».

 

 Voici, présentées de façon synthétique, les principales activités réalisées par le neuropsychologue engagé dans une pratique clinique.

  1. Évaluation du fonctionnement cognitif de personnes souffrant de troubles neurologiques, de lésions cérébrales (traumatismes crâniens, troubles métaboliques ou toxiques, tumeurs, maladies neurodégénératives ...) ou de troubles du développement. Cette évaluation, qui peut avoir une visée diagnostique (dans le cas de pathologies dégénératives, notamment), a pour objectif principal d'établir les bases du programme de rééducation qui, le cas échéant, sera proposé au patient.
  2. Prise en charge et rééducation des troubles cognitifs et comportementaux. Comme indiqué plus haut, cela nécessite d'abord une évaluation et une mesure précises des difficultés qui font suite à la lésion cérébrale. La prise en charge peut prendre différentes formes (non exclusives) : exercices visant à améliorer le fonctionnement de la composante cognitive déficitaire, aménagement de l'environnement du patient, apprentissage de l'utilisation de prothèses mentales, travail d'information et d'éducation des proches, simulations d'activités de la vie quotidienne (ou professionnelles), etc. Le but ultime de toute rééducation sera d'amener à une amélioration du fonctionnement de la personne dans ses activités de la vie quotidienne, de la rendre plus autonome et d'améliorer au final son sentiment de bien-être et sa qualité de vie.
  3. Organisation de séances de soutien aux proches-aidants de personnes souffrant de pathologies neurodégénératives (telles que la maladie d'Alzheimer) : en lui expliquant la maladie et les modifications cognitives et comportementales qu'elle occasionne chez le patient, et en lui offrant la possibilité de chercher des solutions aux difficultés rencontrées, le neuropsychologue aide le proche-aidant à s'adapter de manière optimale à son nouveau rôle.
  4. Expertises médico-légales : évaluer l'intégrité cognitive de patients ayant subi un traumatisme crânien (ou d'autres formes d'atteintes du système nerveux central : intoxications, hypoxies, etc.), par exemple suite à un accident de la route ou du travail. Il s'agira non seulement d'évaluer l'importance des déficits cognitifs de la personne mais également l'impact de ces déficits sur ses activités professionnelles et de la vie quotidienne. L'examen s'inscrit ici dans un processus d'expertise plus global, dont le but est notamment de déterminer un taux d'incapacité.

Débouchés de la neuropsychologie

Si les employeurs intéressés à engager un psychologue formé à la neuropsychologie sont aujourd'hui plus nombreux qu'il y a une vingtaine d'années, le nombre d'étudiants qui se spécialisent dans le domaine de la neuropsychologie a lui aussi fortement augmenté. Le secteur de la neuropsychologie n'est toutefois pas le plus "bouché" (si on le compare à d'autres champs de la psychologie clinique). L'investissement que mettra l'étudiant dans ses études (en particulier dans ses stages et dans la réalisation de son mémoire) est sans aucun doute un paramètre qui déterminera directement ses chances de trouver rapidement un emploi : un étudiant qui "s'est fait remarquer" durant sa formation (notamment par ses maîtres de stage) aura plus de chances de trouver un emploi dans le domaine qui l'intéresse que l'étudiant "lambda".

Nous envisageons ci-dessous essentiellement les débouchés qui s'offrent au neuropsychologue clinicien. De nombreux neuropsychologues travaillent également dans la recherche ; si la plupart d'entre eux exercent dans des centres de recherche et des départements universitaires (où ils bénéficient par exemple d'un mandat FNRS), certains trouvent également un emploi dans des laboratoires privés (dans le secteur pharmaceutique, notamment), où la qualité de la formation et la rigueur scientifique des jeunes diplômés en neuropsychologie sont souvent très appréciées.

Le neuropsychologue travaille avec des personnes de tout âge (enfants, adolescents, adultes, personnes âgées), dans des contextes très variés :